Jean-Pierre Fabre: « Faure Gnassingbé est un sourd »

Il y a désaccord sur tout entre le pouvoir et l’opposition quant à la mise en oeuvre des réformes constitutionnelles et institutionnelles avant la présidentielle 2015. M. Jean-Pierre Fabre, président de l’ANC, reçu ce matin sur RFI, sonne la mobilisation des populations si Faure Gnassingbé persiste à refuser un dialogue avec l’opposition pour entreprendre les réformes en dehors du parlement. Le Togo risque d’entrer une fois encore dans une zone grise d’instabilité.

Jean-Pierre Fabre est visiblement satisfait au moins sur un point pendant l’audience que le chef de l’Etat lui a accordée, mercredi 05 mars : la reconnaissance de son statut de chef de l’opposition. Il a été adoubé en tant que chef de l’opposition par le président de la République.

Mais le tombeur de Gilchrist Olympio ne s’est pas ramolli en sortant de la Présidence de la République. Il est plutôt reparti ragaillardi par cette rencontre, encore plus déterminé à se battre.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le temps n’est pas à l’apaisement des relations entre pouvoir et opposition. Faure Gnassingbé, « il est sourd », dixit Jean-Pierre Fabre, pour souligner l’autisme du président face à des questions relatives aux réformes constitutionnelles et institutionnelles, à la détention des « jeunes » de l’ANC, et à celle des militants du CST dans le cadre de l’affaire des incendies des marchés.

Sur la question des réformes, M. Fabre insiste sur la mise en place d’un « cadre formel pour commencer ces discussions dans les meilleurs délais ». Mais Faure Gnassingbé est « sourd » et préfère les discussions à l’Assemblée nationale.

« La large majorité que dispose son parti à l’Assemblée nationale l’incline à tenter de passer en force », souligne Jean-Pierre Fabre.

Dans ce cas, les protagonistes entreront « dans une zone de turbulences ». « Je crains que nous ne retrouvions devant un blocage si l’idée des discussions devant l’Assemblée nationale persiste ».

Et si le président de la République persiste et signe ? « Ça dépend de qui il trouve en face de lui. Si les populations togolaises se mobilisent pour exiger que le mandat soit limité à deux, elle s’applique immédiatement à Faure Gnassingbé qui ne peut plus se présenter à la présidentielle de 2015 ».

Pour la présidentielle, Fabre souhaite l’union de l’opposition pour lutter contre l’obsession de fraude du pouvoir, et même s’il se rend compte que cette union est difficile et que le temps- 12 mois avant la présidentielle- est court, il estime sa réalisation possible.

Devant un pouvoir qui a du succès sur la scène diplomatique, Fabre dénonce l’hypocrisie de la communauté internationale, et dit que « seuls les Togolais comptent » pour un changement de régime.

Le chef de l’ANC organise depuis avril 2010 des manifestations hebdomadaires pour exiger le départ de Faure Gnassingbé, qui n’a jamais cédé aucune des exigences de l’ANC ni celles de ses alliés du Collectif Sauvons le Togo.

Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir en février à la suite d’un coup d’Etat et un hold-up électoral en avril 2005 qui a occasionné des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés. Il a été réélu en 2010 à l’issue d’une présidentielle entachée de fraudes selon l’opposition. Son parti a remporté deux fois les législatives d’octobre 2007 et de juillet 2013.

 

 

A propos Komi Dovlovi 1020 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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